Solidarité avec le peuple kenyan

actualité du 18/01/2008

La situation sociale perturbée au Kenya est extrêmement préoccupante pour les Humanistes, aussi bien à l'intérieur du pays qu'autour du Monde. Une situation qui en réalité couve depuis l'indépendance et qui aujourd'hui éclot. Nous sommes face à la situation dans laquelle le peuple Kenyan a été manipulé dans un jeu de dupe qui oppose les tribus. Les amis des Kikuyus sont supposés être d'un côté et ceux des Luos de l'autre côté.

Mais les Humanistes voient ce jeu pour ce qu'il est vraiment : la lutte de deux hommes pour leur pouvoir personnel. Deux hommes qui ne renoncent à rien pour atteindre le sommet, duquel ils ont accès à tous les contrats en train d'être signés, duquel ils peuvent contrôler la distribution des aides et dans la poche de qui en reviendra le plus fort pourcentage.

La situation est un héritage dégoûtant de la colonisation dans laquelle des faveurs étaient jetées à quelques personnages importants afin de contrôler l'ensemble. Les divisions tribales étaient creusées et intensifiées. Les tribus devinrent caractérisées par l'usage de mots comme ; chef, égoïste, corrompu, vanité, confusion, etc…

Au lieu d'essayer d'harmoniser le peuple, des décades de règles post-coloniales n'ont visé qu'à renforcer encore ces divisions. Les politiques savaient qu'une voie des plus simples pour accéder au pouvoir était de « diviser pour mieux régner ».

Aujourd'hui, le problème du Kenya n'est pas la lutte entre tribus. C'est celui d'une vaste majorité de la population qui vit dans des conditions misérables contre une infime minorité qui vit comme des rois dans les riches faubourgs.

Les Humanistes autour du monde dénoncent les politiques tribales mises en jeu au Kenya et veulent faire la lumière sur les véritables responsables.

Nous dénonçons les anciens pouvoirs coloniaux qui ont mis en place le système et qui savaient parfaitement qu'en instituant un système facilement manipulable, les véritables solutions à la pauvreté, la santé, l'éducation et une vie digne peuvent être mises de côté.

Dans ce système, le néo-colonialisme peut se développer. Un système dans lequel les Kenyans ont accès au pouvoir politique, mais dans lequel les banques et toutes les ressources du pays – le pouvoir économique – sont contrôlés par des intérêts extérieurs. Il est bien connu que l'Afrique a payé sa dette plusieurs fois déjà. Pourquoi est-elle encore en train de payer plus ?

Le fait que les vieilles puissances coloniales et les USA (actuellement tous membres des « riches de l'Ouest » et membres d'organisations comme l'Union Européenne et le G8) assistent sans rien faire lorsque le Kenya brûle, montre bien leur complicité dans les évènements actuels.

Dans cette situation, nous voyons la stratégie plus vaste d'un génocide, ou plutôt d'un « Africacide ». C'est cela, la stratégie implicite du G8, de l'UE et de plus en plus celle de la Chine, une stratégie qui permet à des millions d'êtres humains de mourir chaque année de la Malaria et du SIDA alors que ces maladies peuvent parfaitement être soignées de manière préventive, une stratégie qui fomente des guerres civiles pour contrôler les ressources minérales et pétrolières, pour vendre des armes, une stratégie qui fait usage des sources inépuisables des petits boulots et des travailleurs fuyant les épreuves économiques une main-d'œuvre discriminée et forcée à travailler dans des conditions indignes, sans droit ni protection.

Nous dénonçons également Mwai Kibaki et Raila Odinga, deux hommes qui pourraient tant faire pour le changement au Kenya, pour s'être laissé tellement manipuler, pour laisser leurs partisans circuler en armes, pour autoriser la police combattre avec des gaz lacrymogènes et à balles réelles, pour ne pas appeler – avec insistance – à la non-violence pour résoudre ce conflit. Ils savent ce qu'ils font et ils le font depuis les pires intentions, leur intérêt personnel.

Nous rendons hommage aux africains qui tentent ou ont tenté d'aider dans cette situation. Nous rendons hommage à Julius Nyerere, l'ex-Président de Tanzanie qui aux frontières du Kenya apporte son aide depuis un pays qui considère plus les Êtres Humains que la tribu dont ils sont issus. Nous remercions John Kufour et Kofi Annan, deux Ghanéens qui portent un grand intérêt au fait de trouver une solution non-violente à cette situation et nous remercions également des gens comme Graca Machel, d'Afrique du Sud et Benjamin Mkapa, de Tanzanie pour leurs contributions.

Nous rendons également hommage à Nelson Mandela, dont le gouvernement montre la voie de la vérité et de la réconciliation, un processus qui, nous l'espérons, pourra être utilisé au Kenya dans les temps à venir.

Les Humanistes du Monde – sur les 5 continents – se sentent très concernés par la situation qu'ils observent et souhaitent soutenir par tous les moyens dont ils disposent.

Nous appelons tous les Kenyans à former des « comités de non-violence » enracinés, suivant les chemins de non-violence tracés par le Mahatma Gandhi, par Martin Luther King et par Silo.

Nous appelons tous les Humanistes africains à se joindre à la lutte pour mettre fin au néo-colonialisme et demander à ce que cesse la dette du tiers-monde, frauduleuse et illégale.

Nous appelons tous les gouvernements africains à rompre le silence, à refuser d'être une part de ce néo-colonialisme. Montrez de la solidarité envers le peuple Kenyan. Refusez toute demande, d'où qu'elle vienne, d'envoyer des troupes pour soutenir l'une ou l'autre des parties. Demandez à ce que cessent les ingérences extérieures dans les affaires africaines afin que l'Afrique puisse enfin trouver les moyens de résoudre ses propres problèmes !

Nous appelons les Gouvernements de l'Ouest à cesser leurs ingérences en Afrique qui n'ont comme seul but que de servir leurs intérêts en pétrole et en ressources minières.

Enfin nous appelons à des efforts de médiation et que les deux parties puissent en finir avec ce processus. Si cela aboutit à la nécessité de nouvelles élections, nous sommes prêts à aider en toute chose utile que la communauté internationale pourrait souhaiter.

Pour l'Internationale humaniste,
Giorgio Schultze
Porte-parole du Nouvel Humanisme pour l'Europe
Tomás Hirsch
Porte-parole du Nouvel Humanisme pour l'Amérique Latine
Sudhir Gandotra
Porte-parole du Nouvel Humanisme pour l'Asie-Pacifique
Chris Wells
Porte-parole du Nouvel Humanisme pour l'Amérique du Nord