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Hommage à Silo

Hommage à Silo, à l'occasion de la première Internationale Humaniste Latino-américaine, le 7 janvier 1999, à Santiago du Chili, par le docteur Salvatore Puledda.

La tâche que l'on m'a attribuée, tracer le profil d'un homme comme Silo et lui rendre hommage, n'est pas la plus simple, car Silo et son œuvre échappent aux classifications habituelles, concernant les multiples et diverses formes d'expériences humaines cataloguées et reconnues conventionnellement. Pour moi, son disciple et ami depuis plus de vingt-cinq ans, Silo est un homme spécial ; plus encore, il est unique. On pourrait dire : les hommes dont on fait l'éloge ne sont-ils pas tous spéciaux et uniques ? N'est ce pas la convention rhétorique qui oblige à rendre extraordinaire ce qui sinon serait commun ? L'affirmation que Silo est un homme très spécial, un homme unique - affirmation que je fais avec une totale sincérité de cœur - doit être démontrée. C'est ce que je me propose de faire par ce bref discours. Je dois préciser que je n'utiliserai pas les instruments de la logique pour soutenir ma thèse. Je ne pèserai pas les arguments, en pour ou en contre, avec la balance de la raison, car je suis tout simplement incapable de le faire. Silo et son œuvre, le Mouvement Humaniste, font partie intégrante de ma vie ; plus que cela, ils constituent la grande part de ma vie. Il m'est donc impossible d'avoir la distance nécessaire pour effectuer une évaluation froide et impartiale des faits, évaluation que les historiens contemporains invoquent continuellement. Je présenterai donc mon expérience, je relaterai ce qu'a été et ce que représente pour moi Silo et le Mouvement Humaniste, ce qu'a signifié et signifie pour moi être disciple, collaborateur et ami de Silo. Mon premier contact avec le Mouvement eut lieu en juin 1973. J'étais assis au pied de la statue de Giordano Bruno sur la place "Campo dei Fiori" à Rome. La statue est érigée à l'endroit précis où, en janvier 1600, brûla le bûcher auquel l'inquisition condamna le grand humaniste pour avoir affirmé, avec une extraordinaire vision du futur, non seulement que la terre tourne autour du soleil, mais aussi que l'univers est infini de même que les mondes qui l'animent.

Cette place, symbole de toutes les injustices perpétuées contre la liberté humaine, contre l'envol de la pensée vers le nouveau et vers le futur, était le lieu de rencontres et de débats des jeunes de toutes tendances révolutionnaires qui surgissaient après les années 68. Comme de coutume, dans ce lieu donc, j'étais occupé à discuter, avec un ami anarchiste, sur la stratégie révolutionnaire. Un jeune homme était assis à côté de nous et écoutait notre conversation sans intervenir. Lorsque mon ami parti avec son groupe, ce jeune me demanda si j'avais déjà entendu parler de la révolution globale : une révolution qui implique autant le monde externe - les structures économiques, les superstructures culturelles - que le monde interne, c'est-à-dire la conscience. Il me dit qu'aucune révolution ne pourra changer le monde par la violence, que l'unique révolution possible devra être accompagnée d'un changement radical à l'intérieur de ceux qui se proclament révolutionnaires. Il me parla de non-violence active, de guérison de la souffrance, de travail sur soi-même, afin de parvenir à une transformation intérieure ; il me parla de la recherche du sens de la vie. Il me dit qu'il était Chilien et qu'il appartenait au Mouvement Siloïste, le mouvement fondé par un Argentin qui s'appelait Silo. Il me dit aussi qu'il était en train de former un groupe de travail d'auto-connaissance et il m'invita à y participer. Piqué par la curiosité, j'acceptais et j'entrais dans le groupe. Nous avons travaillé durant des mois sur un système de techniques psychologiques et de méditations.

En peu de temps je me suis rendu compte que ce travail, à la portée de l'homme commun et apparemment simple, constituait en réalité une synthèse extrêmement fine concernant des expériences issues des plus diverses traditions culturelles d'Occident et d'Orient. Quelques techniques dérivaient de la psychologie moderne, d'autres du Bouddhisme, d'autres de l'Orphisme ou du Christianisme ou encore de l'Islam. C'était un système qui dévoilait une vaste connaissance et un grand travail de simplification, d'adaptation et de synthèse. Mais, ce qui me sembla le plus insolite fut l'aspect ludique de ce travail ; la profondeur associée à la légèreté, le jeu et le divertissement. Je comprenais qu'il existait une alternative à la froide et déshumanisée psychologie académique, une alternative à la dramatique angoisse de la psychanalyse. Je découvrais de nouvelles choses sur moi-même, sur mes conditionnements culturels et sociaux, sur les racines de ma violence et de ma souffrance, sur mes peurs et mes espoirs. Mais surtout, devant moi apparu ce grand vide que j'avais toujours gardé à l'intérieur, ce terrible vide que Silo avait dénommé "le non-sens de la vie".

Des travaux plus avancés furent programmés pour 1974, l'année suivante. Ils devaient se dérouler à Cordoba en Argentine. Des représentants de plusieurs autres pays d'Europe, d'Amérique latine, d'Asie et des Etats-Unis devaient y participer. Avec l'accord de mon groupe, je décidai de partir et ainsi de connaître le pays où avait surgi le Mouvement et peut-être le fondateur en personne. Aussitôt arrivé à Buenos Aires, je pris un autobus direct pour Cordoba et de là un taxi jusqu'au lieu de rencontre : une ferme située à l'extérieur de la ville. A l'entrée du jardin, je vis des hommes au loin près de la maison et je criais : "c'est ici la rencontre du Mouvement ?". "Oui Monsieur, venez, venez, Monsieur" me répondirent-ils. J'étais heureux, j'étais arrivé à l'endroit dont j'avais rêvé, à une espèce de paradis du Mouvement. La réalité fut bien supérieure à mes expectatives. Rapidement, je me rendis compte que les hommes étaient des soldats et je vis qu'ils braquaient leurs armes vers un groupe de personnes face contre terre, les mains derrière la nuque : mes compagnons du Mouvement, auxquels je ne pu faire autrement que de me joindre. Nous arrivâmes à une prison de Cordoba où nous passâmes trois jours de diète stricte et au froid, sans qu'aucune charge précise ne soit portée contre nous. Nous étions du Mouvement et cela suffisait. Je n'avais pas besoin de beaucoup d'explications pour comprendre que le pays d'origine du Mouvement, tout comme la grande partie de l'Amérique Latine, étaient tombé entre les mains d'une bande d'assassins sadiques et que le Mouvement était persécuté malgré le développement d'activités uniquement non-violentes. Peu après, Silo fut emprisonné à Buenos Aires après avoir tenté de donner un discours public.

Une fois libre, nous terminâmes les travaux prévus et je partais pour Mendoza afin de connaître Silo, qui, selon ce que l'on m'avait dit, voulait connaître les représentants Italiens. Je le rencontrai pour la première fois dans un bar où il nous avait donné rendez-vous. Il était debout, face au comptoir, parlant avec quelques personnes. Je m'assis à une table, attendant que cela se termine et je me mis à l'observer. Il portait un vêtement beige, une cravate avec de petits dessins géométriques et des chaussures très bien cirées. Le plus bourgeois que l'on pouvait imaginer ! Ce n'était pas possible, un révolutionnaire, un maître avec une cravate, tout clochait ! J'espérais voir une espèce d'hybride entre Che Guevara, un gourou indien et un guérisseur mexicain. Je voulais quelque chose d'insolite, d'extraordinaire, quelque chose de coloré, d'exotique. Au lieu de cela, j'avais en face de moi un homme normal, vêtu comme un bourgeois avec cravate et tout et tout. J'essayais de me consoler en me disant que Magritte lui aussi, peut-être le plus visionnaire des artistes modernes, s'était toujours habillé ainsi, en gris ou en marron - avec cravate - et il avait vécu presque toute sa vie avec la même femme dans un quartier petit bourgeois d'une ville pluvieuse. Mais la désillusion me dévastait. A ce moment là, Silo se tourna et me regarda avec un sourire moqueur, comme si il avait perçu mes pensées.

Nous avons parlé tranquillement, de même que les jours qui suivirent. Je lui demandais de m'informer à propos des bases de sa pensée et il me présenta quelque chose d'absolument nouveau, au moins en ce qui concerne le panorama culturel de l'Occident. Il me présenta une théorie globale de la conscience humaine. Une théorie ouverte et non un système fermé comme cela était courant à la fin du XIXème siècle. Ceux qui étaient un minimum informés sur la situation contemporaine de la psychologie, sur ses balbutiements incohérents et sa recherche infructueuse d'un fondement sur lequel pouvoir ancrer la masse chaotique de données et de procédés, savaient bien que proposer une théorie globale de la conscience humaine était quelque chose d'extraordinairement risqué. Si une telle théorie résultait cohérente, exhaustive et efficace, elle aurait représenté une énorme avancée scientifique, peut-être comparable à l'introduction de la méthode expérimentale en sciences-physiques. Je me rendis compte que la théorie proposée par Silo - et que j'allais exposer en détail durant les leçons que je devais donner à Corfou en Grèce l'année suivante - contenait une quantité énorme de données, d'expériences et de procédés. Elles contenaient notamment ce qu'avait découvert la psychologie expérimentale, le béhaviorisme, la gestalt, la psychologie des profondeurs. Des phénomènes très controversés comme la sensation, la perception, les rêves, l'hypnose, les états altérés de la conscience, etc. trouvaient une explication cohérente et élégante. Mais surtout, ce fut la théorie des images qui me toucha le plus, car celle-ci était totalement originale et portait à la pratique, certaines intuitions de Sartre et du vieux Jung qui écrivit "Psychologie et Alchimie". La théorie des images de Silo était le chaînon manquant entre les explications physiologiques et psychologiques, et l'image tel qu'il l'entendait, constituait l'union entre les aspect somatiques et les aspects comportementaux. Agir sur les images signifiait donc intervenir sur le comportement humain individuel et collectif... Devant mes yeux s'ouvrait alors un horizon très vaste d'investigations et d'expériences. C'est ainsi que je commençais à penser que Silo était un homme spécial. Je me disais que ce qu'avait dit Alcibiade à son maître Socrate, lors de l'hommage rendu par Platon dans l'un de ses plus beaux dialogues "Le Banquet" était valable pour Silo. Tout comme de Socrate transparaissait une grande beauté intérieure derrière un aspect satirique, Silo, au-delà de son aspect bourgeois et peu attirant, apparaissait avec une audace intellectuelle et une force révolutionnaire que je n'avais rencontré chez aucun leader politique, ni aucun gourou à la mode. Je dois, de plus, ajouter qu'avec le temps, son aspect extérieur et son style de vie devint clair pour moi. Il s'agissait d'une stratégie : d'un côté c'était un acte de mimétisme qui le protégeait en le rendant peu visible dans une société provinciale et conservatrice, d'un autre côté c'était une façon de se rapprocher de l'homme commun, de l'homme moyen, qui en fait était le destinataire de son message. Cependant, les contributions originales de Silo ne se limitent pas au champ de la psychologie. Avec le temps, Silo a produit des travaux dans les domaines de l'historiographie, de la sociologie, de la politique et de la religion, qui ont touché pratiquement tous les aspects fondamentaux du comportement humain. Au travers de ses œuvres, Silo a dessiné, avec une anticipation peu commune, une nouvelle conception de l'être humain, ainsi qu'un projet politique universel et une nouvelle utopie pour le monde global dans lequel nous vivons déjà. Je ne vais pas faire ici une analyse des œuvres de Silo ; je me limiterai à aborder les aspects les plus profondément innovateurs, caractérisés par certaines d'entre elles. Dans l'essai intitulé "Discussions historiologiques", dédié à l'analyse des problèmes non encore résolus dans le champ de la philosophie et de l'histoire, Silo reprend le fil de la discussion entamé par Heidegger, à propos de l'impossibilité de tracer un discours historique sans avoir auparavant éclairci ce que l'on entend par "temporalité", sans avoir auparavant éclairci - pour parler avec des mots peu précis mais simples - le fonctionnement temporel de la conscience humaine et de quelle façon ce fonctionnement est en relation avec le temps externe, c'est-à-dire avec le monde, avec les faits extérieurs à la conscience. En suivant la pensée de Heidegger, et de son maître Husserl, Silo découvre la racine de la dynamique historique dans la temporalité intrinsèque à la conscience humaine, dans la tension constante de la conscience à "futuriser", à se projeter. Mais en reprenant une intuition de Ortega y Gasset, Silo voit dans les différentes générations - auxquelles correspondent différents temps mentaux et différents paysages culturels - l'incarnation d'une telle dynamique. L'histoire se fait par la dialectique entre générations. Dans l'histoire prévaut également le futur - les projets humains se heurtent à la réalité existante - et ainsi, faire l'histoire, c'est avant tout faire l'histoire du futur, c'est-à-dire l'histoire des projets humains qui tentent de transformer le présent. Ce point de vue, qui dépasse le célèbre débat des années 60 entre Sartre et les structuralistes, à propos de la signification et de l'intelligibilité de l'histoire humaine, place Silo en haut lieu dans le panorama actuel, pas très brillant, de la philosophie de l'histoire. Une autre contribution originale et féconde de Silo au sciences de l'histoire - une contribution à la fois culturelle et politique - est la nouvelle interprétation qu'il donne du concept d'humanisme. Dans l'acception commune que l'on a de l'histoire, on entend par humanisme un phénomène culturel propre à l'Occident, lié à une période historique et à un lieu précis : d'abord en Italie puis dans toute l'Europe Occidentale durant la Renaissance. L'humanisme place l'homme et sa dignité au centre de tout et le considère comme valeur suprême, en opposition à la dévalorisation produite par le Moyen-âge Chrétien. Avec l'humanisme de la Renaissance, la civilisation occidentale connaît une transformation de fond qui la rendra différente de toutes les autres civilisations traditionnelles. Mais, pour Silo l'humanisme n'est pas seulement un phénomène européen ; l'humanisme existe à différents moments historiques précis, dans toutes les grandes civilisations humaines. On l'appelait certes autrement, parce que les contextes culturels dans lequel cela se manifestait était autres. Mais l'humanisme se reconnaît toujours grâce à quelques indicateurs fondamentaux, comme : l'importance et la place centrale qu'il donne à l'être humain, à sa dignité et liberté, au travail pour la paix et au rejet de la violence, au respect des différentes croyances et habitudes de vie, au développement de la science. C'est précisément parce qu'il se manifeste dans toutes les cultures à leurs meilleurs moments, que l'humanisme, pour Silo (précisément un Nouvel Humanisme Universel dont il est le promoteur) peut donner une réponse à l'affrontement entre les cultures qui se produit dans ce monde unifié de force par les mass médias, mais profondément divisé quant au respect des croyances religieuses, des valeurs et des styles de vie. Un monde où apparaît à nouveau le spectre du fondamentalisme et des guerres de religion. Dans ce monde qui a perdu tout sens du futur, tout sens du projet et qui regarde avec angoisse l'arrivée du nouveau millénaire, Silo propose la grande utopie pour l'an 2000 : créer la Nation Humaine Universelle, incluant tous et chacun des peuples de la planète au même niveau, mais sans détruire leur spécificité culturelle. Il propose, de plus, l'humanisation de la terre, c'est-à-dire la disparition progressive de la douleur physique et de la souffrance mentale, grâce aux avancés de la science, grâce à une société plus juste et égalitaire libérée de toutes formes de violences et de discriminations, et grâce à la reconquête du sens de la vie.

Avec ce projet adressé à toute l'humanité, Silo se place parmi les grands utopistes modernes, comme Giordano Bruno, Thomas More, Campanella, Owen, Fourier et Marx. Ici utopie - qui signifie lieu qui n'existe pas - représente une image, un projet qui guide et organise le présent et entraîne vers le futur. C'est un projet dirigé aux nouvelles générations et qui trouvera ici, en Amérique latine un de ces centres les plus représentatifs. Je disais que Silo, par ses œuvres, a construit une nouvelle image de l'être humain, en opposition à celle qui domine actuellement. Ce fut la même tâche que développèrent les premiers humanistes de la Renaissance italienne, comme Pic de la Mirandole. Pour lutter contre le christianisme médiéval qui rabaissait l'homme à une dimension faite de pêché et de douleur, qui le concevait comme un être dont la seule aspiration était le pardon d'un dieu lointain, les premiers humanistes proposèrent l'image d'un être conscient de sa propre liberté et dignité, ayant foi dans sa capacité à transformer le monde et à construire son propre destin. L'image moderne de l'être humain, celle proposée par le rationalisme scientifique et dans laquelle nous croyons presque tous, à différents niveaux, en Occident, n'est en fait qu'apparemment plus positive que celle offerte par le christianisme médiéval. Le dieu chrétien a été remplacé par un autre dieu beaucoup plus obscur et énigmatique : Le hasard, c'est à dire le dieu du fortuit. L'être humain a été réduit à une simple dimension zoologique et est devenu aujourd'hui un singe sans poils, dont l'évolution s'est faite au cours de millions d'années par l'effet du milieu ambiant et des mutations hasardeuses. Je dirais même plus : c'est une machine biologique, c'est à dire une chose déterminée par sa constitution chimique - le patrimoine génétique - et aussi par les stimuli du milieu qui l'entoure. Dans cette dimension - la dimension de la chose - il n'y a aucune place pour la liberté et le choix, aucune place pour la construction intentionnelle d'un futur, et la vie perd son sens, en se transformant en une course absurde vers la mort. Pour Silo, l'être humain est un être historique et social, et la dimension qui lui est propre n'est pas la biologique mais celle de la liberté. Pour Silo, la conscience humaine n'est pas un miroir passif du monde naturel, mais une activité intentionnelle, une activité incessante qui interprète et reconstruit le monde naturel et social. Même s'il participe du monde naturel du fait qu'il possède un corps, l'être humain n'a pas de nature, pas d'essence définitive comme tous les autres êtres naturels ; il n'est pas réduit au passé, c'est-à-dire à quelque chose d'établi, de construit, de terminé. L'être humain est futur ; c'est un projet de transformation de la nature, de la société et de lui-même. Contre tout déterminisme, contre tout dogme qui congèle et bloque le développement de l'humanité, Silo reprend cette idée philosophique qui en Occident, au travers de l'idée centrale de la liberté humaine, remonte de Pic de la Mirandole jusqu'à Sartre, pour la revitaliser et la transformer en un projet culturel et politique : le Mouvement humaniste. À ce niveau, on pourrait croire que la dimension religieuse est étrangère à la pensée de Silo. En réalité, c'est le contraire : la recherche du sens de la vie et de la transcendance opposée à l'absurde de la mort, trouve une place centrale dans son œuvre. Cependant, tout comme Bouddha, Silo ne demande à personne d'avoir la foi dans ses idées sur le divin. Il ne prétend pas non plus proposer une nouvelle religion faite de rites et de dogmes. Il offre des chemins et des expériences, afin que chacun puisse vérifier par lui-même, la véracité et l'utilité de ce qu'il dit. Selon moi, les disciplines transformatrices - comme par exemple la Méditation transcendantale - qui sont des voies expérimentales pour s'approcher d'un niveau de conscience supérieur, constituent la partie la plus extraordinaire et profonde de toute son œuvre. Deux de ses plus beaux écrits se réfèrent à cette thématique. Le premier "La mort", est une leçon qu'il donna aux îles Canaries en 1976, dans laquelle il analyse - en un rigoureux procédé rationnel que l'on retrouve uniquement chez Epicure, en Occident - la racine illusoire de la peur de la mort. L'autre écrit, "Le sens de la vie" est un discours que Silo prononça à Mexico en 1980, dans lequel il décrit en détail les différentes postures que l'on peut assumer face au sens de la vie et à la transcendance. Dans ce discours, en plus de déclarer sa foi inébranlable sur le fait que la mort n'arrête pas l'existence, mais qu'elle n'est qu'un pas vers la transcendance immortelle, Silo proclame pour chacun la liberté de croire ou de ne pas croire en Dieu et en l'immortalité.

C'est pour tout cela que je considère Silo comme un homme très spécial, voire même unique. J'ose même dire que dans cette culture latino-américaine, qui a produit de grands révolutionnaires, de grands écrivains, de grands artistes, Silo est le seul penseur de dimension mondiale.

Mais je suis certain qu'à ce niveau, quelques uns se disent en eux-mêmes : "Oui, mais qui est Silo dans la vie privée ?". Il est très connu que des hommes, qui ont été grands dans leurs actions et qui ont même contribués à changer la face du monde, se sont révélés minable dans le milieu affectif, avec leurs amis et en général dans les relations humaines. De même, on sait que, comme on le disait de Napoléon, aucun homme n'est grand pour son valet, qui lui connaît les côtés obscurs, les défauts, les tiques, qui se manifestent uniquement avec le temps et la familiarité. Alors, comment Silo est-il au quotidien pour toi, qui a été son disciple, son collaborateur et ami depuis tant de temps ? Je dois dire que l'un des aspects que j'apprécie le plus du caractère de Silo est son sens de l'humour, sa capacité à capter le côté comique ou grotesque des situations et des personnes. Qualité qui déconcerte certains lorsqu'ils s'en approchent en croyant qu'un grand penseur doit être une personne au front plissé, distante et ennuyeuse. Silo est capable de jouer et de rire comme un enfant, de s'émerveiller continuellement de la grande comédie humaine. Mais son rire n'est pas un rire distant, de supériorité quant aux innombrables stupidités qui tissent la vie de tous les hommes, grands ou petits. Ce rire est accompagné, comme les deux faces d'une même pièce, de patience et de compassion, avec lesquels il observe la misère et la grandeur de la condition humaine. Parce que avant tout, selon moi, Silo est un homme bon. La bonté est, pour moi, sa qualité la plus grande. Que dire de plus ! Uniquement ceci : Dernièrement et malgré notre long côtoiement, il m'est surgit chaque fois plus fort cette même question : "Qui est vraiment Silo ?". Alors, afin de trouver une réponse, j'ai suivi le conseil que lui-même me donna lorsque je cherchais des réponses à des questions importantes que je me posais sur ma vie. J'ai posé la question au plus profond de ma conscience et j'ai attendu la réponse.

Qui fut : Silo est un guide, un initié, quelqu'un qui possède une clé pour ouvrir la porte du monde de l'esprit.

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